– topic commun n°1 (saison 2)

"Tu devrais t-y rendre" qu'on lui avait conseillé alors qu'elle avait mit près de 2 semaines à trouver la force de sortir de sous sa couette après un séjours à l'hôpital où elle subit de nombreux test et resta là, en observation. Phillip lui n'avait pas dénié l'accompagner, préférant la sobre compagnie de son bolide à deux roues. Evelyn mourrait de peur à l'idée de recroiser tous ces visages, les mêmes qui avaient posé sur elle des regards médusés et impuissants quelques mois plus tôt. Ce qu'elle craignait c'était leur pitié, dieu qu'elle refusait d'inspirer quelque sentiment que ce soit qui pourrait s'apparenter à celui-là même. Les yeux rivés sur le bracelet que son - toujours - fiancé lui avait offert lors de sa demande elle avançait lentement jusqu'à la plage. Pourquoi, mais pourquoi s'était-elle rendue là en fin de compte. Avec nervosité elle jouait avec le solitaire qui ornait son annulaire gauche en prenant soin d'éviter les regards des gens alentours, elle se saisit d'une lanterne et se demanda quel souhait elle pourrait bien formuler. Les lieux publiques la rendaient nerveuse et bien que le fond de cette soirée soit bienveillant elle ne pouvait s'empêcher de penser que tous les habitants se remémoreraient le drame de la cérémonie de son mariage. Mademoiselle Rhodes n'est pas devenue madame Jones et de surcroît, se pointe sans son cher et tendre à son bras. Elle se mit à prier silencieusement pour croiser son beau frère, ou bien même Mark, même Lloyd Kane ce salaud dégueulasse, n'importe qui pourvu qu'elle pense à autre chose qu'à cet après-midi là où tout à basculé.

Les rideaux tirés, tu refusais de sortir de ton lit. Encore en train de plané du dernier comprimé avalé il y a de ça quelques minutes à peine.  Dès lors que tu refermais les yeux, tous tes démons revenaient te hanter. L’histoire avec Lauren était du passé, après le mariage, tu avais eu d’autres chars à fouetter. Lorsque tu refermais les yeux, tu ne voyais que Clarke cherchant son souffle et recouverte de sang. Elle était tombée sous les balles du tireur. Bien que tu avais essayé de l’aider, ses blessures étaient trop graves. Dès que tu fermais les yeux, tu revivais l’instant où ses yeux ont révulsés et où son doux visage devenait livide. Son départ t’avait profondément bouleversé et depuis ce temps, tu refusais pratiquement de sortir de chez toi. Tout Monterey était au ralentie, chacun avait été toucher de près ou de loin par ce drame funèbre. Tu avais reçu un message texte d’un ami, t’incitant à venir avec lui à la plage pour faire ce deuil douloureux. Tu t’avais déplacé, lourdement mais tu restais en retrait, quelques mètres plus loin de la foule qui commençait à s’entasser près des lampions. De là, tu pouvais voir les lueurs les lanternes danser au loin. Assit dans le sable, tu avais apporté une bière que tu sirotais tranquillement. Tes bouclettes plus longues qu’à la normale bougeaient avec la délicates brise de soirée. Tu ne demandais pas a être déranger, contrairement aux autres, tu préférais vivre ce deuil isolé, loin de la fausse empathie des habitants de Monterey.

Ça t'a foutu le bourdon les derniers événements qui ont secoués Monterey, mais là t'as réalisé quelque chose : La vie est courte et putain, t'en n'a qu'une. T'as vu son visage quand t'as pensé que c'était foutu pour toi, que t'embrasserais plus ton fils, t'aurais plus l'occasion d'engueuler ton ex femme à cause de lui. T'as réalisé qu'il te restait tant à faire, tant à vivre et tant de choses à dire. Ceux qui comptent. Tu lui a proposé de se joindre à toi, à vrai dire tu lui as pas tellement laissé le choix. T'as beau ne pas être lié à ces deux personnes qui souhaitaient s'unir ce jour-là, ça t'as pas mal secoué. Y'a eut des blessés, des morts même. T'as fait semblant de ne pas avoir été touché par le drame, seul le soir chez toi, t'y penses et tu rumines. Tu te dis que la simple compagnie d'@Harvey Skeyne te fera du bien. Tu passes près de Freddie Jones, assis dans le sable, une bière à la main, tu lui adresse un regard différent qu'à l'accoutumée, il n'y a pas de mépris dedans, il est dénué d'affront. Tu laisses ça de côté parce que... Ce soir t'es touché, tu l'montre pas, mais tu veux te comporter comme un être humain. Tu le salue alors poliment en un signe de tête et tu t'approche de la foule en prenant soin de rester à l'écart, ton téléphone portable dans la main. "Magne-toi Harv..." que tu râle à voix basse, mal à l'aise de te montrer seul. Tu te sens vulnérable et minuscule à côté de tous ces gens.

Il n’a rien à foutre sur cette plage. Il est même le premier à le reconnaître. Et pourtant il est présent, parmi les habitants de Monterey, cherchez l’erreur. Ou plutôt quelle mouche a osé le piquer pour le mener jusque-là. Il n’a versé aucune larme le douze juillet dernier. Il n’a pas été non plus en état de choc. Aucune balle n’a égratigné sa peau. La vie est belle pour lui, non ? Seulement, il doit bien reconnaître qu’il a été touché par cet énergumène de Robert Ramsay. Premièrement, c’est quelque peu le foutoir à son cabinet car la paperasse prend du retard. Deuxièmement, il doit se coltiner des entretiens d’embauche, non pas pour une mais pour deux personnes ! Tuer la secrétaire de son cabinet n’a pas été suffisant ce jour-là, il a fallu que ce crétin de Beck craque face à la bévue qu’il a commise. Il a fui, et peut-être qu’à l’heure actuelle, il pourrit quelque part, mort de honte. Le mérite-t-il ou non, ce n’est pas à Lloyd de le juger. Tout ce qu’il sait, c’est que les entretiens d’embauche lui pompent de l’énergie inutilement. C’est sans doute pour cette raison qu’il est présent sur cette plage pour la soirée, la clope au bec. Il a besoin de se détendre. Sauf qu’une personne lui tend un lampion, lui expliquant brièvement qu’il doit noter un vœu. Un instant, il s’interroge, se demande si on n’est pas en train de se moquer de lui. Lampion en main, il finit par se poser dans le sable. Il ne sort pas de stylo de sa poche, il n’en a même pas de toute manière. Au contraire, il sort son briquet, et ne se préoccupant pas du geste qu’il commet, il allume le lampion. Non, pas l’intérieur pour qu’il s’illumine, il l’allume dans le sens, il lui met le feu. Soirée du renouveau. C’est du n’importe quoi, sinon il l’aurait déjà fait plusieurs années en arrière quand Harper l’a quitté. Alors que son lampion crâme dans les flammes de l'enfer, s'il existe.

Après le fiasco du mariage, j’avoue ne plus avoir la force de sortir et d’affronter le regard des autres. Ce dernier ne m’a jamais dérangée, jusqu’à ce que du sang soit mêlé à tout cela. Je me sens responsable, terriblement mal face aux évènements que nous avons vécus lors du mariage des Jones. Qui plus est, cela m’affecte d’autant plus qu’il s’agit de la famille de Freddie, que je connais depuis des années. J’aimerais pouvoir remonter le temps, pouvoir empêcher ces meurtres… Mais comme on dit, c’est probablement le destin. J’ai donc décidé de me rendre à la soirée organisée pour tourner la page, laissant ainsi derrière moi les erreurs du passé. Une fois sur place, je préfère ne pas me fondre dans la foule. J’ai l’impression d’être devenue la bête noire, les quelques personnes qui m’aperçoivent semblent parler sur mon dos. Certains rigolent, d’autres me détestent… C’est insupportable et je trouve du réconfort auprès d’une bière, comme toujours. Je marche jusqu’à tomber sur Freddie, assis sur le sable. Lui non plus n’a pas l’air en forme, ç tel point qu’il ne remarque même pas ma présence. Je décide de m’asseoir à ses côtés, sur ce sable fin. « Je suis désolée. » Je souffle, alors qu’il remarque enfin ma présence. « Pour Clarke. » Je sais qu’ils étaient proches, qu’il tenait probablement à elle. A en croire sa mine affreuse, Freddie peine également à remonter la pente, ce qui me fait mal au cœur. « Tes cheveux… Ils sont longs. » Freddie n’a jamais été dans un tel état, toujours classe et apprêté. Là, il ressemble à un homme ne prenant pas soin de lui, le visage rongé par les cernes et autres ravages de la vie. Je ne le reconnais plus…

Il a plus essayé de vivre depuis qu'Octavia est à l'hôpital. Que lui parler reviendrait à communiquer avec un mur. Ses yeux sont plus les mêmes, ils sont cachés derrière un voile, un voile qui masque ses étoiles, ses galaxies, ses beautés qui faisaient de lui un homme à part. Aujourd'hui, Amaël est aussi gris que la peinture de ses tableaux. Il a perdu son étincelle. Caché derrière un gros pull en laine, l'artiste tient fébrilement Améthyste entre ses bras en regardant l'horizon. Il s'imagine, pendant un instant, de l'autre côté de la mer. Il s'imagine plonger dans les bras d'un spectre blanc qui lui promettrait une vie meilleure. L'artiste aurait envie de plonger dans l'eau gelée, de s'avancer sans faire attention à ce que lui dirait son organisme.
Il a envie de faire passer la douleur.
De l'anesthésier.
Alors, il se dit que le froid aiderait, qu'il ne sentirait plus rien. Mais non, sa fille est là, elle le regarde encore avec tout l'amour du monde. C'est pour cette raison que son corps osseux est perdu sous d'épaisses couches de tissu, il a la sensation d'être encerclé dans des bras, de ressentir la douceur réconfortante d'un autre alors qu'il est en réalité plus seul que jamais.
Il ose même pas regarder les autres parce qu'il connaît pas leurs souffrances. Tout ce qu'il sait, c'est que la sienne est atroce, qu'elle l'empêche de vivre et de dormir correctement. D'un geste lent, Amaël attrape une lanterne et prend une longue inspiration.
Si t'étais là Octavia, on serait plus beaux que ces lanternes à la con.
Sa tête se baisse et son cœur se froisse, il peut le sentir.