always not decided to tell the truth ? - jeremy

Il est 7h, le réveil d’Arizona sonne, elle pose une main sur sa tête, elle a tellement apprécié ses heures de sommeil qui lui est difficile d’émerger. On est samedi et si elle pensait faire une grasse matinée parce que sa petite dernière dormait chez une amie, elle avait vite déchanté en apprenant qu’un client avait demandé un rendez-vous à la galerie pour 8h30. Elle se retourne, Jeremy n’est pas à ses côtés, il faut dire que depuis plusieurs semaines la rousse lui a demandé de quitter le lit conjugal et de dormir dans la chambre d’amis. Encore une énième tentative pour qu’il avoue enfin tout à sa famille. Elle ne supporte plus ce conflit qui est omniprésent dans son couple mais elle aime tellement Jeremy qu’elle n’arrive pas à lui poser un ultimatum alors elle attend. Elle espère qu’un jour il comprendra combien il fait une énorme bêtise en restant seul avec ses problèmes de santé. La quarantenaire se lève difficilement de son lit, elle enfile son kimono à fleurs et descend les escaliers un à un. Elle ne sait pas si Jer’ est levé mais ce n’est pas préoccupation première. Depuis qu’ils font chambre à part elle a décidé d’être un peu plus égoïste et de vivre sa vie comme elle l’entend en évitant de se soucier de ce que son cher mari pourrait penser. Elle part chercher le journal sur le ponton de la maison et se fait griller deux tartines. Elle allume la cafetière et attend patiemment que le café s’écoule en ne pouvant s’empêcher d’humer l’odeur du café qu’elle apprécie tant. Elle se plonge dans les nouvelles du jour, la campagne pour la course à la mairie fait les gros titres sur le journal local. Diego Vescovi semble être le préféré du rédacteur en chef. Alors qu’elle commence à déguster son petit-déjeuner. Jeremy fait son apparition, elle fait comme si elle ne l’avait pas vu et continue sa lecture d’un air absorbé. En temps normal en la présence des enfants, elle fait un minimum d’efforts surtout pour ne pas éveiller les soupçons d’un quelconque problème dans leur couple.

Comment est-ce que tu fais pour dormir ? Comment est-ce que tu fais pour fermer l'oeil quand le lit est si froid? En fait, tu n'y arrive pas. C'est un peu comme si tu n'étais pas à la maison. Comme si tu te retrouvais à nouveau dans cet appartement à Washington. Les draps non froissés, toi qui t'en tiens loin. Ce lit est froid, ce lit n'est pas le tient et c'est bien pour cette raison que tu ne dors pas. Si seulement tu n'étais pas aussi entêté, ce n'est rien ce qu'elle te demande et tu trouves le moyen de la contredire. Son sourire te manque, sa voix te manque, sa peau te manque, mais ce qui te manque le plus, c'est elle. Si seulement tu pillais sur ton orgueil pour la soulager, mais tu ne le fais pas. Tu restes à distance en gardant ce secret entre vous deux. En parler à vos enfants serait si simple, le minimum, ou encore en parler à tes parents, tes frères et ta soeur. Tu n'y arrives pas. Tu n'as pas besoin de cette attention. Tu en as déjà trop de tes patrons, de ton équipe. TU as ce manque d'attention de ta femme par contre. C'est ce qui te dérange le plus. Tu sais bien que ce jeu devant vos enfants n'est qu'un jeu. Tu sais bien que seuls, ce serait différent. Les yeux posés sur le cadran tu vois l'heure zero zero douze. Tu fermes les paupières un moment et dès que tu les ouvres à nouveau, l'heure à changé pour sept heures six. Tu sursaute de ta chaise avant de glisser tes mains sur ton visage. Tu te glisses hors de la chambre d'ami et jette un coup d'oeil vers la chambre des maîtres. Tu le sais bien, elle est déjà debout. Tu te glisses à la salle de bain, t'asperge le visage d'eau avant de replacer ton t-shirt. Un regard vers le miroir, tu as ces valises sous les yeux. Tu soupires et secoue la tête. Tu ne devrais pas la rejoindre. Tu sais que ça pourrait mal tourner, mais un moment de plus sans elle, tu deviendrais fou. Tu atteins déjà ta limite et tu étouffes. D'un pas silencieux et l'oreille bien tendu tu suis ses mouvement dans la maison avant qu'elle ne s'attarde à la table. D'un pas feutré tu t'infiltres dans la cuisine et lui jette un regard en silence pour te rendre au lavabo. Ta gorge se noue et tout ce fait machinalement. Une bouteille de médoc, deux comprimés dans la bouche, un verre d'eau et tu avales. Tu regardes les bouteilles dans l'armoire. Tu devras t'en procurer d'autre. Tu te racles la gorge et tire une chaise que tu poses près d'elle. Tu enfourches la chaise et tu poses tes bras contre le dossier. Tu inclines légèrement la tête. Tu restes immobiles quelques minutes en silence et c'est sûrement lourd à porter puisque tu prends avec délicatesse le journal qu'elle a sous les yeux. « Chérie, regardes-moi. » Tu souris faiblement, tu déposes le journal un peu plus loin.

Ils sont postés là dans la cuisine comme deux inconnus qui ne sauraient pas quoi se dire. Pourtant, Arizona et Jeremy sont mariés depuis de nombreuses années, un mariage heureux, tout du moins qui rendait heureuse la jolie rousse jusqu’à il y a quatre ans. Ces quatre mois et ce problème au cœur qui a tout changé entre eux. Elle ne lui demande qu’une seule petite chose mais il n’est pas prêt à lui donner. Quant à elle, elle n’est pas prête d’abandonner la bataille, tout du moins pour l’instant. Elle le sait, il y aura un point de non retour, un moment où elle en sera plus capable de l’attendre et ou la lassitude primera sur l’amour mais ce jour n’est pas encore arrivé. Ari le redoute car elle l’aime, beaucoup trop pour le menacer de divorcer s’il ne veut rien dire à ses proches. Elle y a déjà pensé, à lui fourrer des papiers du divorce sous le nez pour qu’il capitule mais elle en est incapable. Elle l’aime, elle ne veut pas le voir souffrir mais c’est finalement elle qui souffre de cette situation. Elle ne lui demande qu’une chose et elle espère au plus profond d’elle qu’il va enfin comprendre l’importance de dévoiler la vérité. Elle tient le journal dans ses mains mais elle est incapable de se concentrer sur sa lecture lorsqu’il ouvre le placard et qu’il prend ses médicaments. Elle ferme lourdement ses paupières, l’idée qu’il lui arrive malheur sans prévenir la rend malade mais elle ne peut pas passer l’éponge. Elle a vécu la mort soudaine de son père alors qu’elle aurait pu passer plus de temps avec lui s’il lui avait parlé de sa maladie. Il prend la chaise, puis vint s’asseoir pour apposer sa tête sur le dossier. Elle sait qu’il la regarde, elle sent son regard bleu perçant sur elle mais elle ne bouge pas. Elle fait semblant d’être concentrée sur sa lecture alors qu’il n’en est rien. « Chérie, regardes-moi. » lui dit-il en lui retirant le journal des mains. La rousse ne lâche pas sa position, elle ne tourne pas sa tête et reste bloquée sur sa tasse à café qui se trouve maintenant dans son champ de vision. « Ça dépend, est-ce que tu as l’intention de parler de tes problèmes de santé à ta famille ? » demande-t-elle tout en sachant pertinemment que sa réponse serait négative. Elle n’avait pas envie de lui faire plaisir tout en sachant que ça faisait quatre ans qu’il se fichait pas mal de ce qu’elle pensait de ses mensonges.