113eme cigarette sans dormir. (athénaïs)

Améthyste est en train de devenir une enfant fantôme, comme sa mère. Amaël est dans cette passe difficile où son cerveau reste coincé entre ses rêveries et son désespoir chronique. Il  fait les cent pas dans sa tête depuis plusieurs semaines déjà sans trouver de point d'ancrage ou de bouée de sauvetage. La veille, alors qu'Amaël déposait une énième fois la petite chez sa mère, celle-ci lui a dit 'tu devrais faire attention, elle a appelé son grand-père papa'. Il a eu l'impression de vivre la pire trahison de sa vie. Il aurait voulu attraper Amethyste par le bras, la secouer et lui dire que c'est lui son père et qu'il a le droit d'être fatigué lui aussi. Qu'elle peut pas l'oublier comme ça, sous prétexte qu'il ne se sent pas bien, que l'alcool et les drogues sont en train de le prendre en otage. Il aurait voulu lui dire toutes ces choses mais qu'est-ce que tu veux raconter à une gamine qui n'a pas encore fait ses trois ans ?
Qu'est-ce que tu veux dire quand t'es le fautif ?
Les lumières du bar l'ont accueilli comme un phare au milieu de la nuit. Amaël n'est rien de plus qu'un bateau qui a pris l'eau. Il avait besoin de retrouver la terre ferme avant de repartir pour mieux se noyer dans l'océan de ses pensées. Le brun a descendu plusieurs verres jusqu'à se rendre compte que le monde tournait trop vite autour de lui.

Sur le trottoir, Amaël a quitté les effluves d'alcool pour venir se griller une clope sous la nuit tombante. Ses yeux brillent derrière ses lunettes qu'il oublie toujours de mettre en temps normal. Les paroles d'Octavia résonnent dans sa tête alors qu'il se sent à proie à des pensées lugubres qui remontent du plus profond de son âme pour tenter de le malmener. Ses sourcils se froncent un instant alors qu'il la croise, cette silhouette là, qu'il connaît mieux qu'il ne voudrait l'admettre. Athenaïs ! Qu'il balance dans le vide, une main levée dans les airs et un sourire placardé sur les lèvres. L'artiste s'approche d'elle instinctivement, ses bras s'ouvrent chaleureusement sur son amie alors qu'il la serre entre ses bras ; trop tactile. Ça me fait tellement plaisir de te voir ! Et c'est tellement sincère qu'on peut entendre le timbre de sa voix, légèrement débordé par l'émotion. Sa main se redresse contre le visage de la belle pour caresser du bout des doigts sa joue. Il se rend pas compte, Amaël, comme il peut être étouffant mais il a toujours été comme ça. Tu me laisses t'offrir un verre ? Je ne peux pas te laisser partir comme ça, je m'en voudrais toute la nuit d'avoir laissé filer une aussi jolie fille que toi. En temps normal, Amaël n'oserait pas lui dire ça, garderait ses compliments pour lui et laisserait une barrière entre eux mais ce soir, il sent qu'il serait capable de sauter le pas, de ne plus laisser sa froideur naturelle mettre un filtre en elle et lui.
Elle, cette douce lumière.