Sujet: break of reality. (lowell) Sam 20 Mai - 16:35
IT'S A GOOD KIND OF MADNESS.
Lentement tu ouvres les yeux. Tes paupières sont lourdes. Si lourdes... Les rayons du soleil ont percé à travers le double vitrage, inondant la pièce d’une lumière rassurante. Tes cils battent un instant, hésitant à prolonger le temps des rêves, tes yeux se posent sur le réveil et pour une fois tu ne sursautes pas de l’heure tardive, ou trop matinale. Tu n’as pas à te précipiter pour rentrer, ton fils commençant plus tard sa journée de cours il supposera que tu es simplement partie travailler sans le croiser, justification toute trouvée à ton absence. Tu ne mens pas réellement, t’omets simplement quelques détails parasites. Distinguant sa silhouette à tes côtés tu cherches son visage de ta main, du bout de l'index tu effleures sa joue, tu caresses sa peau blanche et la fait glisser entre tes doigts de sa nuque jusqu'à ses hanches. Tu te souviens à peine de la soirée. Tout semble trop loin. Laissé dans un songe, une complicité qui s'évapore à mesure que tu récupères des sensations dans le reste de ton corps. Délicatement t'embrasse sa tempe avant de quitter ses draps, ouvrant son placard t'attrapes une de ses chemises que t'enfile sur ton épiderme dénudé. T'en profites pour humer le tissu en la boutonnant, t'aimes avoir son odeur sur toi, subtile marque d'appartenance que tu n'avoueras jamais à voix haute. Te glissant jusqu’à la salle de bain tu fais un brin de toilette songeant à quitter les lieux avant son réveil mais en retournant dans la chambre tu surprends une scène attisant ton intérêt artistique. Les premières lueurs viennent chatouiller son profil, caressant ses mèches sauvages pour annoncer l’aube voisine. Le soleil offre son décolleté de lumière derrière l’horizon, tu peux presque le caresser. L’iris fixée sur son visage apaisé baigné d’un halo fantasmagorique tu t’empares de l’appareil dépassant de ton sac et l’enclenches à plusieurs reprises. Prenant appui sur le rebord de la fenêtre tu enchaînes les clichés, le silence interrompu par sa respiration régulière et les cliquetis de ton argentic, jetant de brefs coups d’œil au changement de décors, derrière toi le ciel bleu se dessine, promesse d’une belle journée à venir, d’un été sans défauts. Ici tes nuits sont fièrement plus douces que dans ta propre maison, là-bas c'est le temps des heures flasques, des horloges molles à la Dali. Les minutes se déguisent en heures. Et tu les vois faire. T’as beau compter les moutons, les étoiles et les soupirs. Rien à faire. Le sommeil se cache dans un coin sombre. Ta chambre se transforme en un horrible étau, les murs se resserrent chaque jour un peu plus. Des seringues poussent à travers le plafond et te pissent de l’éther dans les yeux. T’as cette impression monstrueuse que tu vas te noyer dans tes draps. Devenir une sirène en pyjama. Une sirène qui ne sait même pas nager. Les profondeurs t’avalent et ta fuite te mène dans cette chambre, t’as l’art de la haute voltige pas celle des excursions sous-marines. Sortant de sa torpeur tu le vois s’agiter, cherchant ta présence sur l’oreiller voisin il ne trouve qu’une place vide, tes commissures s’étirent en un sourire discret tandis que tu prends un unième cliché, ses cheveux ébouriffés, la fatigue se lisant sur ses traits « Bonjour la belle au bois dormant.. » faisant une pause dans ta séance photo improvisée t’attrapes une clope dans le paquet posé sur la table de chevet, la portant à ta bouche tu t’assoies sur le sol devant le lit, tu t'accoudes au matelas tout en allumant ta cancerette en barre et commences à tirer dessus en le dévisageant. Son visage pas si loin de toi, trop pour que tu puisses attraper ses lèvres, mais pas assez pour qu'il ne se reçoive pas le nuage de fumée qui entoure bientôt sa tête. « Je t’ai réveillé ? » Demandes-tu d'une voix douce enrouée par la cigarette.
Invité Invité
Sujet: Re: break of reality. (lowell) Dim 28 Mai - 17:43
break of reality
octavia + lowell
Le rêve. Refuge de tout un chacun, quel que soit l'âge, quel que soit la force de l'imaginaire. Le rêve, où le subconscient dégueulait son flot de désirs et de souvenirs enfouis. Si son présent était loin d'être reluisant, le passé de Lowell lui offrait en songe un havre de paix sans pareille. Hatch y revoyait des moments appartenant à la fois à son enfance et à sa vie d'adulte. Des images d'une infinie douceur au cours desquelles il se dédoublait, laissant place à ce frère aux teintes dramatiques. Mais Liam vivait, et de temps à autre, Lowell en venait à oublier quelle tragédie avait ôté la vie de son jumeau. Et le rêve se poursuivait, à la fois cruel et bénéfique, car si ces chimères étaient d'une langueur inouïe, la réalité, elle, omise, ne serait que brutalité une fois la rêverie terminée. Lowell n'avait été que trop meurtri par le décès de ce compagnon de toujours, de cette extension de lui-même. Il les avait cru insécables. Inséparables. Il s'était lourdement trompé. Les images défilaient dans l'esprit détraqué du neurochirurgien qui demeurait indifférent aux caresses que lui prodiguait la jolie brune partageant son lit. Le songe trop intense, trop important pour qu'il se réveille et coupe court à ces souvenirs si précieux. Il n'entendit donc pas Octavia quitter le lit, ni se diriger vers la salle de bain. Le rêve suivait son cours. Les deux frères gravissaient cette colline de roc rouge, au pas de course. Le dernier arrivé au sommet serait le perdant. Lowell, à douze ans, ne pensait qu'à collectionner les cartes de joueurs de baseball et à battre son frère dans toutes les catégories possibles et imaginables. Les choses n'avaient pas tant changé, des années plus tard. La collection de cartes s'était transformée en collection d'amants, et même si Lowell prétendait haut et fort n'appartenir à personne, il raffolait de cette étincelle qui brillait dans le regard d'Octavia lorsqu'elle l'observait. Cette étincelle, précisément, qui scintillait tandis qu'elle prenait plusieurs clichés d'un Lowell toujours lové dans les bras de Morphée. Le rêve s'estompait, à présent. Liam lui parlait, mais il ne parvenait pas à entendre les mots qui sortaient de sa bouche. Les images réalistes furent balayées par un vide sidérale, puis l'obscurité s'établit en impératrice. Le rythme cardiaque de Lowell s'éveilla au moment où le colosse revenait à la réalité. Momentanément perdu, les paupières mi-closes encore voilées par le sommeil cherchaient à reconnaître l'endroit qui l'entourait. Chez lui. Oui. Émergeant avec une lenteur atroce, se remémorant les événements de la veille, Lowell roula sur le ventre et chercha à tâtons la présence de la reine de ses étreintes. Mais la place voisine était vide. Les yeux s'ouvrirent mais se plissèrent d'emblée, agressés par la luminosité ambiante. Puis, cette voix, si familière. Bonjour la belle au bois dormant. Les pupilles cristallines se levèrent et à contre-jour, il l'aperçut. Elle. Un sourire dansa sur les lèvres de Lowell. Heeey, souffla-t-il, la voix rauque. Comme elle allumait une cibiche, il s'étira dans sa direction. Elle venait de s'asseoir et loin, elle était trop loin, bien trop loin. Hatch glissa un peu plus vers elle, et reçut en pleine figure le nuage de fumée qu'elle souffla dans sa direction. Je t’ai réveillé ? Il secoua doucement la tête. Non, répondit-il sans donner plus de détails. Le rêve lui paraissait si lointain, à présent. Du bout de l'index, il dessina des arabesques invisibles dans le cou de la jeune femme. Donne. Cette cigarette, la première d'une journée qu'ils commençaient ensemble. Sans attendre qu'elle s'exécute, fort d'une autorité qu'il revendiquait sans rendre insoutenable, il s'empara de la cibiche et la cala entre ses lippes. Tira longuement, encrassant ses poumons, puis lui rendit la pareille en rejetant la fumée dans sa direction. Lowell étira un sourire taquin. Viens-là. Toujours trop loin de lui, de ses bras, de ses doigts. Il avait besoin de cette étincelle qui vivait en elle. Plus que jamais. Elle était si belle qu'il en oublia momentanément la chienne de vie qui était la sienne depuis un bon mois maintenant.
Invité Invité
Sujet: Re: break of reality. (lowell) Mar 30 Mai - 16:31
IT'S A GOOD KIND OF MADNESS.
Une fraction de seconde un rictus malicieux étire ses lèvres tandis que ses doigts s’emparent de la cigarette bloquée au coin des tiennes, le nuage vaporeux vient se dissiper dans tes mèches et tu fais mine d’hésiter à céder à sa requête. Tes yeux s’illuminent d’une lueur espiègle alors que tu ne recules qu’un peu plus, creusant la distance entre vos corps endoloris d’un sommeil incomplet. Tes songes se sont trouvées agités par les angoisses du monde réel, les siens semblaient pourtant infiniment plus savoureux. « En voilà des manières… Monsieur dois-je vous rappeler que vous êtes le modèle, c’est bien à moi de donner les ordres ici. » sur tes commissures se dessine un sourire amusé, tu disparais une fois de plus derrière ton objectif cherchant à capter sa réaction immédiate, Lowell l’impératif dans la bouche s’encombre rarement de prier son interlocuteur, t’as jamais rechigné à te plier à ses directives surtout lorsqu’il s’agit de jeux de chambre. Son ascendance n’est pas totale, point animée d’un désir arbitraire mais d’un contrôle mesuré qui lui permet de se détendre un tant soit peu en ta présence, « Est-ce que tu faisais de beaux rêves ? » demandes-tu curieuse, finissant par t’exécuter tu grimpes sur le matelas, te rapprochant sans pour autant le rejoindre totalement, tu préfères te poser près de ses longues jambes pour mieux le dévisager. « Je ne t’ai jamais vu avec une telle expression… » tu n’apportes pas plus d’explications à cette divagation, tu comprends où tu veux en venir et t’es persuadée qu’il en sera de même pour lui. Ce fut quelque chose d’imperceptible, un détail exposé dans l’intimité, ce relâchement involontaire qui transpirait la quiétude, presque le bonheur. L’espace d’un instant t’as entraperçu une facette inconnue jusqu’alors qui a éveillé ta boulimie créative, elle a disparu en un éclair. Brève étincelle de l’âme qui s’est figée sur ses traits endormis. A haute voix de telles pensées paraîtraient ridicules t’en as conscience, parce que la plupart des gens aujourd'hui, ne croit plus à l'âme. Ils ne croient plus en Dieu. Ils ne croient plus en l'Homme. La société a aboli les majuscules, met des minuscules sur tout, engendre le désespoir et l'amertume chez les faibles, l'envie de déserter chez les autres. Impuissants et inquiets. C’est ce même désespoir qui a fixé ton œil sur Lowell, t’en as toujours pas compris le sens même si tu es parvenue à le figer de mille et une façons sur ta pellicule. Ce matin il en était dépourvu alors qu’il habite d’ordinaire le plus charmant de ses éclats de rire. « C’était beau. Je ne pouvais pas louper ça. » que tu murmures contemplative, tendant le bras vers cette cigarette pour la récupérer. Tu n’obtiendras pas de vraie réponse tu t’en doutes, quelques brides de révélations qui te laisseront t’interroger sur les mystères qu’il cadenasse. Car les émotions sont les mêmes, n'est-ce pas, c'est la manière de les traduire, de les laisser affleurer ou pas, qui fait toute la différence. Les femmes osent confesser des aveux que les hommes enferment à double clé dans leur cœur. Parce qu'on leur a appris à ne rien dire, à faire comme si, à se consacrer à leur carrière, à leur vie d'homme d'affaires, de puissant, d’indifférent. Pourtant tu le sais toi que les hommes ont peur. D'habitude, ils ne savent pas pourquoi. Ce n'est pas un sentiment d'homme, la peur, il faut laisser ça aux femmes, mais ils crèvent de trouille et avancent les yeux aveugles en jouant leur rôle de bon petits soldats. Ils se couvrent de décorations, de barrettes, de titres, et cachent leur plus gros chagrin de petit garçon sous leur mâchoire carrée. Y’a ces moments où son chagrin tu parviens presque à le caresser du bout des doigts avant qu’il s’évapore pour s’échapper à ton emprise, depuis cette nuit-là sur la plage tu te fais intrusive sans reculer ou en rougir. Tu pensais toucher au but de l’exploration mais avec l’aube se sont matérialisées d’autres énigmes, suscitant une nouvelle forme d’excitation pour cet homme au regard couleur mélancolie.
Invité Invité
Sujet: Re: break of reality. (lowell) Ven 2 Juin - 1:15
break of reality
octavia + lowell
Elle était là. Toute à lui. Toute si belle dans la lumière ambiante, bien qu'aveuglante. Et l'appareil n'était jamais bien loin, car l'artiste en elle, pareillement, ne sommeillait jamais longtemps. Lowell avait appris à s'y habituer. Aux petits clics de l'objectif, à ce que son quotidien soit fait de clichés et d'instants immortalisés dans l'appareil numérique. Octavia savait y faire ; capturer l'essence d'une expression, aussi brève put-elle être. Mais c'était surtout cette attention démesurée qu'elle lui portait qui lui plaisait tant, entre autres petites choses. Lowell ignorait ce qui pouvait tant intéresser la jeune femme chez lui ; sans trop de naïveté toutefois, car le chirurgien demeurait certain de son charme et de son pouvoir sur autrui lorsqu'il décidait d'ouvrir la chasse. Et prendre Octavia dans ses filets avait sans doute été une des plus belles choses qui lui était arrivée depuis la fuite de gaz. Le soleil était agressif, même en cette matinée, et Hatch plissait les yeux tout en tapissant ses poumons de nicotine. Hum. Oui. La clope avait beau avoir un goût effroyable, il alignait les paquets. Plutôt ironique pour un médecin. À quoi bon préserver la santé de ses patients si ce n'était pas pour se niquer la sienne ? Allongé dans ce lit immaculé, il pompait la mort en silence, engendrant au passage des arabesques de fumée planant avec paresse autour de lui. Octavia le rouspéta, et il leva les yeux au plafond. L'instant d'après, elle s'emparait de l'appareil et un clic retentissait. Lowell baissa son regard sur la jeune femme, la cigarette coincée entre son index et son majeur, à quelques centimètres de ses lèvres. Pour sûr qu'il en jouait. Pour sûr qu'il exagérait sans doute un peu, aussi. Et loin. Toujours trop loin. Est-ce que tu faisais de beaux rêves ? D'un bond, elle le rejoignit sur le matelas, et Lowell crut un instant l'avoir à portée de baiser mais elle demeura à distance. Il tira sur la cigarette en plissant les yeux et en essayant de réfléchir à une réponse. Je sais pas. Je crois. Ça s'pourrait bien... Évasif, tout comme les détails de ce rêve qui lui paraissait si complet et si réel quelques instants plus tôt. Elle ajouta : Je ne t’ai jamais vu avec une telle expression... Le regard de Lowell se figea, et alors, il sut. Et le rêve se transplanta dans le réel tandis que les souvenirs du chirurgien l'assaillaient de toutes parts, armada de piqures douloureuses. Et le décès de Liam, une fois de plus, lui revenait en pleine figure. Lowell était resté immobile depuis plusieurs secondes déjà, mais il tendit finalement le bras vers le cendrier posé sur la table de chevet, pour délaisser l'amas de cendres qui s'était accumulé au bout de sa cancerette. C'était beau. Je ne pouvais pas louper ça. Lowell contint un rire jaune. Beau. Comment son expression aurait-elle pu être belle alors qu'au fond de lui, tout n'était que souffrance et désolation lorsqu'il se risquait à penser à son défunt jumeau ? Lowell laissa Octavia récupérer la cibiche sans rien opposer. Son regard se perdit dans le vide, sur les draps blancs, puis sur Octavia. Toujours trop loin. L'amertume avait ce même goût fade que ces clopes qu'il suçotait à longueur de journée. Non. Pas question de laisser sa journée être gâchée par Liam. Va-t-en, cria-t-il en silence au fantôme de son frère. Laisse-moi. Pas aujourd'hui. Et à Lowell d'écarter les draps et de se pencher vers Octavia. D'écarter cette cigarette qui ornait ses pulpeuses et de s'en emparer dans un baiser, avec une douceur qui tranchait curieusement de ce dont il l'avait habituée. Il ne pouvait se détacher de ce vague à l'âme, pas comme ça, et ce baiser lui apporta un réconfort fou. S'écartant légèrement, il jeta un regard à travers la fenêtre, puis déclara : C'était un beau rêve, oui. Il fit rouler sa tête en arrière, puis à gauche, puis à droite, étirant ses cervicales, puis ajouta, un sourire ravageur dansant sur ses lèvres : J'ai cru que tu t'étais envolée. Pas si loin, tout compte fait... Il glissa une main le long de sa hanche et la laissa glisser dans la chute de ses reins, où elle s'attarda. Changer de sujet. Du tout au tout. C'était ce qu'il fallait. Ne pas se laisser submerger par les émotions. Feindre. Sourire. Construire des façades les plus solides possible. En parler ? Non. Le seul fait de prononcer son prénom le mettait dans tous ses émois. Non. Le mieux était encore de bifurquer. De se concentrer sur Octavia, sur elle, cette étincelle qui brillait dans son regard, et sur rien d'autre.
Invité Invité
Sujet: Re: break of reality. (lowell) Dim 4 Juin - 1:43
IT'S A GOOD KIND OF MADNESS.
Je ne sais pas. Je crois. Peut-être bien. Il est possible. Il se pourrait. Autant de mots qui traduisent une seule et même idée ou plutôt l'inexistence de celle-ci, il ne te dira rien et tu n'en sauras pas plus. Et que pourraient t'apporter diverses précisons? Ce n'est pas parce que tu parviens à capturer l'image que tu peux en comprendre son essence, tu serais bien vaniteuse de prétendre le contraire, pour autant ta pellicule t'en a donné maintes fois l'illusion. T'as toujours jugé que la vie des autres était un champ d’observation infini où les détails engrangés te permettaient d’avancer en toi-même comme dans une enquête criminelle. Tu ne t’ennuies jamais à contempler l’heur ou le malheur d’autrui tant il te renseigne plus efficacement que n’importe quel docteur de l’âme sur tes propres désordres. Tant il est vrai aussi que ce qui te saute aux yeux, t'irrite ou te tord les entrailles est le reflet exact de tes propres manques, défauts ou souffrances que tu t'obstines à nier, à mettre de côté. Ca t'a sauté aux yeux avec lui, ce déni de ce qui pèse si lourd dans le moindre de ses gestes, qui transparait dans ses mots, intonations silencieuses sauf pour une oreille attentive. Tu poses rarement des questions. A tout hasard tu tentes parfois de dessiner du bout du doigt une brèche qui à peine se craquelle, le fait trembler. T'as accepté de recevoir sans réclamer, puisqu'il est toujours plus facile de se dérober lorsqu'on est resté si longtemps en retrait, fatalement t'as concédé à ne rien savoir de plus. Tu réalises que tu ne peux faire taire la curiosité qui gronde en toi, la volonté d'en apprendre d'avantage, de découvrir autre chose, de ne plus te contenter des peut-être et du il se pourrait. Arquant un sourcil face à une réponse si peu satisfaisante tu insistes jusqu'à obtenir des détails supplémentaires. Vaine entreprise puisque Lowell ne cède pas de terrain, il ne se laisse pas convaincre par tes subterfuges, tes caprices ou tes charmes, il décide et t'emmène où il souhaite sans jamais t'autoriser à mener. A peine le remarques-tu se mouvoir qu'il s'empare déjà de tes lèvres, ta question meurt au bout de ta langue. Vos bouches s'effleurent, se cherchent, d'une douceur à laquelle il ne t'a pas habitué, réfléchissant savamment son geste pour t'empêcher d'avancer dans ton raisonnement. Puis vos souffles qui se mêlent à travers la fumée. C'est un baiser caressant qui devient presque morsure. Un baiser qui illusionne d'atteintre ce qu'il y'a de plus intime en l'autre. Il se retire convaincu de son succès, ta main cherche la sienne, celle-ci embrasse ta hanche et continue son chemin sur ton épiderme, tu te laisses momentanément distraire par ce contact fragile, autorisant les souvenirs de la vieille à dévorer le reste. « Je ne m'envole jamais très loin... » dans un soupir tu avoues au creux de ses lippes que tu ne souhaites pas bouger. Puisqu'il prend plaisir à être vague tu en joues tout autant. Bouger de ses draps. De ses bras. De cet appartement. Huit-clos à la chaleur enivrante hautement plus toxique que l'insécurité qui s'est nichée dans chaque mur de ta maison. Amiante invisible pour les yeux, qui sème le doute dans tes pensées, s'agitant à chaque coup de téléphone. « Je suis bien ici » plutôt que je suis bien avec toi qui revêt des airs de vérités étouffées. De celles qu'on croit bonnes à dire avant de les avoir prononcées. Alarmantes. T'aurais trop peur qu'il en saisisse tout le sens ou bien qu'il lui échappe totalement. C'est ça les artistes, le coeur changeant au grès des couleurs de leurs oeuvres. Bien tu l'es temps que l'inspiration l'habille d'une saveur particulière. De tes muses t'es toujours tombée éperdument amoureuse. Un amour non conforme à cette idée d'absolu que beaucoup s'en font. Tu te sens diablement éprise et un jour tu te relèves et tu ne l'es plus. Quand commence ce désamour ? Tu ne t'en souviens jamais. Sans que tu t’en aperçoives, tu glisses d'une personne à une autre. Déshabillant l'une de ses beaux atours pour en habiller l'autre. L'attraction s'évapore. Tu te détournes un instant, tu saisis un détail et la fascination disparaît. Ce n’est qu’une illusion, alors ? Tu ne peux t'empêcher de te demander combien de temps il te reste avec Lowell, savoir si le décompte artistique a déjà commencé, ou si cet attachement au creux de ventre causé par ses doigts au creux de tes reins est réel. Tes paumes prenant appui sur ses pectoraux tu le forces à reculer, encore, encore un peu jusqu'à ce que ta domination soit totale. L'allongeant sous ton regard attentif tu montes sur son bassin coinçant ses hanches entre tes cuisses, « J'ai été très gentille hier soir.. Je crois bien que je devrais avoir droit à une récompense. Au hasard je dirais : trois questions. » déclares-tu la mine innocente avant de venir déposer un furtif baiser sur le bout de son nez « Si tu acceptes je concède à laisser mon appareil de côté la prochaine fois.. La paix de ne plus être mitraillé aux moments les moins opportuns. Mon offre est généreuse. » un sourire taquin étire tes commissures et de nouveau ta bouche se perd sur sa peau, s'aventurant cette fois le long de sa clavicule.