rumour has it - deb & evie

rumour has it

- deb & evie -

Je me surprends à la regarder de haut quand elle me présente un énorme classeur remplit de plats divers et variés, des entremets et aussi des desserts. Je pense ne jamais avoir vu de classeur aussi gros de ma vie entière, excepté ceux que j'ai au café, mais ils ne contiennent que de la paperasse et des chiffres, beaucoup, beaucoup trop de chiffres. J'ignore même de quoi elle me parle tant mes pensées sont perturbées par une conversation que j'ai surprise quelques heures plus tôt, entre deux habituées adeptes de potins et de commérages en tous genres ; il était question de "la wedding planner qui organiserait le mariage de son ex." j'étais suspendue à leurs lèvres, je crois bien n'avoir jamais mit autant de temps pour nettoyer une table, il me fallait des détails, une certitude et quand les mots "ancien adjoint du shérif". Mon sang n'a alors fait qu'un tour, je ne pense pas avoir eu aussi chaud dans toute ma vie. Et sur le chemin pour retrouver Miss Colins je n'avais de cesse de cogiter : "il me l'a conseillée.", "ou est-ce moi qui ai entendu parler d'elle ?" tout se mélangeait dans ma tête et j'avais l'impression qu'à tout moment de la fumé allait jaillir de mes oreilles tant ma cervelle chauffait sous mon épaisse crinière brune. Nous nous étions mises d'accord, et étant donné que je l'appréciait jusque là, c'est moi qui lui avait proposé de discuter de tout ça à l'heure du déjeuner. Installée à ses côté je regarde avec attention ses mains gracieuses et ses longs doigts de pianiste au bout desquels se trouvent de magnifiques ongles vernis qui se baladent d'un menu à un autre, passant d'un plat à un dessert. Je me prends à la jalouser secrètement, son parfum lui même me semble sexy. Sa voix, son regard et son air assuré. Je refuse froidement les premières pages qu'elle me présente. Tout me rend dingue chez elle et alors qu'elle s'apprête à tourner une nouvelle page je demande. "Vous vivez depuis longtemps à Monterey ?" vous me direz que j'y ai grandis et qu'avant l'été dernier je n'avais jamais croisé Phillip.
Mais je n'arrive pas à me concentrer sur quoi que ce soit.

Il est huit heures trente lorsque Deb finit de déposer Chris au collège. Portable à la main, elle re-regarde une seconde fois depuis ce matin son agenda, et il semblerait qu’en une heure et demi elle avait déjà oublié qu’elle avait rendez-vous avec Evie. Ce mariage faisait partie de leur priorité avec Lauren. Un des plus gros contrats de l’année, il était déjà annoncé comme le mariage de l’été qu’il ne fallait surtout pas rater. Deb avait la pression, ce mariage, c’est ce qui lui permettrait d’offrir le meilleur à ses neveux et à sa nièce. Elle ne pouvait plus penser qu’à elle dorénavant, elle avait trois bouches supplémentaires à nourrir et cela faisait pencher la balance dans son salaire. Elle devait se donner deux fois plus au boulot pour donner une bonne image à l’entreprise et ainsi avoir plus de contrats. Leur entreprise n’était pas toute jeune mais il y en avait plusieurs à Monterey, un lieu réputé pour les mariages, d’ailleurs il faut souvent réserver deux ans à l’avance pour se marier à la mairie ou à l’église. Deb fonce à l’entreprise pour récupérer le classeur qui contient toute les compositions florales qu’elle doit proposer à Evie. Elle ne fait pas vraiment attention à la vitesse et lorsqu’elle passe sur le pont de big sur, elle ne pense même pas à mettre la radio. Elle qui aime tant écouter de la musique country/folk en traversant ce pont. Ce matin elle n’a pas le temps. Lorsqu’elle arrive au Monterey’s Fish House, elle est pile à l’heure mais Evie l’attend déjà. Deb lui dit bonjour mais la jeune femme semble beaucoup moins enjouée que d’habitude. La wedding planneuse commence à tourner les pages de son classeur et à lui proposer les différentes compositions. Evie les refuse une à une. L’attitude de la jeune femme surprend Deb, quelque chose ne semble pas aller. "Vous vivez depuis longtemps à Monterey ?" lui demande-t-elle soudainement. Deb est surprise par cette question tombée comme un cheveu sur la soupe. « J’y vis depuis 4 ans, sinon j’étais à l’internat du lycée quand j’avais 17 ans » répondit Deb sans vraiment comprendre ou cette conversation les mènerait. « Evie, est-ce que tout va bien ? » reprit Deb pour s’assurer que la jeune femme était apte et disposer à écouter ses propositions. Elle n’avait pas qu’elle comme cliente ce matin, et la wedding planneuse devait optimiser son temps si elle voulait être efficace.

Est-ce que tout va bien ? J'ai envie de rire sarcastiquement, cette question réveille le dragon qui sommeille en moi et elle n'en a pas la moindre idée. Bien sur que non ça ne va pas, depuis quand une femme aide t-elle son ex à organiser son mariage, sérieusement ? Non, ça ne va pas parce que je ne me reconnais pas. C'est peut-être ça l'amour alors, craindre les potentielles ou anciennes rivales. Ce qui me chiffonne c'est que je ne me souviens plus duquel de nous a lancé l'idée d'engager Deb, si c'est Phillip alors aurait-il toujours des sentiments pour cette femme, et si c'est moi alors... Alors ce mariage est en train de me transformer en horrible harpie. "Bien sûr, tout va bien." je lance d'un air faussement dégagé en me penchant de nouveau sur son classeur, et ça me trotte dans la tête, ne va pas l'accuser à tort, elle est là pour t'aider, sans elle tu es fichue. voilà ce que je me dis, mais je ne peux m'empêcher d'y penser. Après tout, Danny et moi avons été amants et je l'ai invité à notre mariage, mais je n'ai jamais eu pour lui que de l'affection, je n'en n'étais pas amoureuse, Phillip en était-il amoureux ? Un vent de panique m'arrive en pleine face et je me perds dans mes pensées. Le déchirement que je ressens à imaginer Lip en aimer une autre que moi me donne presque la nausée, jamais de ma vie je n'aurais imaginé ressentir ça pour quelqu'un. Je ne suis pas d'un naturel jaloux, loin de là, mais il est là première véritable expérience amoureuse de ma vie et je veux qu'il soit l'unique alors je perds pieds. "Vous verrez avec Phillip pour le repas." je dis d'un air absent. Puis je l'observe avec dureté, je la dévisage en me foutant du fait qu'elle est susceptible de s'en rendre compte. Elle est si belle, ses traits sont fins et elle sent bon. Le genre de femme qui se réveille avec un teint radieux, qui n'a jamais mauvaise haleine et quelles que soient les situations est resplendissante, j'ai l'impression d'être bien loin de tout ça. "Vous connaissiez Phillip avant que l'on ne vous confie notre mariage ?" j'ose à lui demander en me redressant sur mon siège. Elle comme moi nous sommes des femmes d'affaires et nous sommes occupées, bon il n'y a pas que ça, je crève d'envie de lui poser la question, je dois vider mon sac au plus vite. Je n'aurais pas dû laisser traîner mes oreilles ce matin. Ne me dites pas qu'avant de se mettre avec moi il était avec elle, je veux dire, fraîchement séparé de ce canon de beauté, parce que je sens que je vais me mettre à pleurer. "Excusez-moi, mais..." je secoue la tête de droite à gauche en battant des cils rapidement, j'agite mes mains à hauteur de mon visage et je repousse son classeur. "Phillip et vous... Il s'est passé quelque chose entre vous ?" c'est hésitant, direct et pas très adroit, mais : quand, et combien de temps ? voilà la véritable question.

"Bien sûr, tout va bien" répond Evie en se remettant à regarder les propositions de la wedding planneuse. Pourtant, Deb n’est pas dupe, la jeune femme semble préoccuper par quelque chose. Il y a intérêt à ce que tout aille bien avec Phillip, si jamais c’était le contraire, Deb s’était jurée de tout faire pour les rabibocher, ce mariage était beaucoup trop important pour elle. " Vous verrez avec Phillip pour le repas. " lâche-t-elle comme si cela n’avait aucune importance à ses yeux. Pourtant la trentenaire commence à connaître Evie, cette jeune femme rêve d’un mariage parfait et elle veut s’assurer que tout sera en ordre pour le jour j. « D’accord pas de problèmes » balbutie Deb. Elle ne veut pas contrarier la jeune femme mais elle en est presque sûre maintenant quelque chose ne va pas. "Vous connaissiez Phillip avant que l'on ne vous confie notre mariage ?" demande alors Evie, une seconde question qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Deb comprend alors mieux le fond du problème. Elle arbore une moue dubitative. Phillip n’a pas dû parler à Evie de leur aventure d’adolescent. Elle le maudit à ce moment même. Ce n’est pas elle qui devrait avoir cette conversation avec sa femme. Il aurait dû la prévenir. Toutefois, cela n’a vraiment aucune importance, avant de revenir à Monterey et de voir Phil débarquer dans son bureau elle n’en avait aucun souvenir. « Oui » se contente-t-elle de dire. Elle ne sait pas ce que Evie sait et elle ne veut pas faire de bourde. Ce mariage elle y tient presque autant que la future mariée. Pourtant, Lauren l’avait prévenue que cette amourette d’adolescent lui retomberait tôt au tard dessus en s’occupant du mariage de Phillip. "Excusez-moi, mais..." commence la jeune femme. Deb comprend alors qu’elle en sait plus. "Phillip et vous... Il s'est passé quelque chose entre vous ?" finit-elle par demander. La wedding planneuse soupire, elle en veut à Phil de n’avoir rien dit sur leur petite aventure d’il y a 20 ans. « Evie, je veux être honnête avec vous et surtout parce que ça n’a plus d’importance maintenant, oui il s’est passé quelque chose entre Phillip et moi » répondit Deb. Elle a tenu à insister sur le « ça n’a plus d’importance » pour ne pas effrayer la future mariée. « C’était il y a plus de 20 ans maintenant, à l’époque je faisais pas mal de bêtise mais Phil couvrait mes frasques auprès du shérif, on est sortis ensemble pendant quelques semaines. C’est tout. » expliqua Deb. Elle voulait vraiment montrer à sa cliente que cette histoire était du passé. « Phil est un ami, et je peux vous assurer qu’il vous aime » finit par dire la trentenaire. Elle espérait que ces quelques mots soient rassurant. Deb pouvait comprendre que la situation était compliquée pour la jeune femme mais cette histoire était tellement vieille qu’elle n’avait vraiment aucun souci à se faire.

Avouez qu'il a de quoi se montrer suspicieuse et un peu jalouse, non je ne l'admettrais jamais à voix haute, mais bien sur que j'ai de quoi être jalouse de cette femme d'affaires propre sur elle, sublime et douce. Son professionnalisme me fait voir des étoiles, et sa voix, elle est envoûtante. Bien sur qu'il y a de quoi se poser des questions. Je me fatigue d'être préoccupée par tant de bêtises, ce qui m'inquiète c'est surtout qu'elle puisse être la femme qui se trouvait dans les bras de Phillip tout juste avant moi. Je dois, au plus profond de moi, manquer de confiance, mais ça non plus je ne l'admettrais pas. Elle prend des pincettes, je vois bien qu'elle a l'impression de marcher sur des œufs et ce n'est pas pour me rassurer. Alors ces deux vieilles au Rosine's disaient vrai ?! Je ne mets pas en doute l'amour que Phillip peut me porter, non, je m'inquiète de l'affection que pourrait ressentir Deb pour lui. "Vous devez me trouver ridicule." je lance dans un souffle, je me sens moi-même stupide d'agir comme une idiote, d'en venir immédiatement aux conclusions sans chercher à comprendre. Je dois admettre que l'entendre me dire que cela remonte à il y a 20 ans me fait tout drôle, j'étais où moi à cette période, à l'école primaire, j'avais neuf ans et un sac à dos rose, des nœuds dans les cheveux ainsi que des tâches de rousseurs sur le visage. J'avais aussi une maman. "20 ans ?" je répète, surtout pour moi même sans réussir à cacher ma surprise, mais quel âge a t-elle ? "Vous ne faites pas votre âge !" je m'exclame dans un haussement de sourcils, j'aimerais connaître son secret pour rester si belle, elle n'a pas une ride. Finalement fin prête à accorder de l'attention aux compositions proposées. "Je suis désolée..." je souffle en passant une main dans mes cheveux. "J'ai entendu ces femmes au Rosine's qui disaient des choses, j'ai laissé traîner mes oreilles et je n'aurais pas dû..." je dis dans une grimace avant de lâcher un long soupir, fatiguée de ma stupidité. Je manque cruellement de jugeote, et ça me jouera des tours. "Mais... Il ne m'a jamais rien dit à votre sujet." je me redresse alors, légèrement contrariée par cet aveux, certes, je ne lui ai pas parlé non plus de mes "expériences" passées, mais je n'ai caché aucun ex dans le placard. "Je ne sais pas si je dois être fâchée qu'il ait gardé ça pour lui, ou bien, m'en vouloir à moi." je secoue la tête de droite à gauche en soupirant de nouveau, mes yeux se baladant dans les classeur de mon organisatrice de mariage. "Êtes-vous mariée ?"

Merci Phillip Jones pour ce moment d’embarras pensa Deb. Elle lui en voulait, elle ne montrait rien mais elle en voulait au quarantenaire d’avoir caché leur aventure de jeunesse. C’était elle qui était obligée de tout expliquer à Evie. Elle n’avait pas de mec et pourtant elle avait l’impression de rassurer son petit ami alors qu’elle n’avait absolument pas sa place dans cette histoire. Elle était là pour organiser le plus beau mariage de l’année, pas pour rassurer la future mariée qui n’était visiblement pas au courant du tableau de chasse de son fiancé. "Vous devez me trouver ridicule." lâcha Evie en soupirant. « Non pas du tout » rétorqua Deb en posant une main sur son épaule. C’est vrai, n’importe qui pourrait flipper en apprenant que l’organisatrice de mariage est une ex du marié. "20 ans ?" reprit la jeune femme. Deb hocha en souriant comme pour appuyer ses dires. 20 ans, c’est une éternité pensa la wedding planneuse. A dire vrai, elle ne se souvenait même plus de son aventure avec Phillip jusqu’à ce qu’il passe les portes de « the plunge ». " Vous ne faites pas votre âge !" fit remarquer Evie. « Merci » répondit Deb, flattée par ce compliment. La jeune femme semblait sincère dans ses excuses. Selon Deb, elle n’avait pas besoin de se sentir coupable. Phillip aurait dû la tenir au courant, les gens parlent beaucoup à Monterey. "J'ai entendu ces femmes au Rosine's qui disaient des choses, j'ai laissé traîner mes oreilles et je n'aurais pas dû..." Lorsqu’elle mentionna « ces femmes », Deb se demanda si cette commère de Margaret Fletcher y était pour quelque chose. Ça ne l’étonnerait pas, plus rien ne l’étonne à propos de cette femme. "Mais... Il ne m'a jamais rien dit à votre sujet." reprit Evie. Deb fit sa moue de désolée alors qu’elle n’y était pour rien. "Je ne sais pas si je dois être fâchée qu'il ait gardé ça pour lui, ou bien, m'en vouloir à moi" finit-elle par dire. La wedding planneuse essaya de capter son regard pour la rassurer. « Vous savez, ce qui s’est passé entre nous, n’a vraiment aucune importance, je vous l’assure. C’était un simple flirt d’adolescent, rien de plus » tenta de justifier Deb. Cela dit elle ne mentait absolument pas, tout ça était vrai sans compter sur le fait qu’à cette époque son cœur penchait pour Bane. Ces quelques paroles semblent avoir rassurer la future mariée qui dirige à nouveau ses yeux vers le classeur. "Êtes-vous mariée ?" demanda-t-elle. Cette question venait à nouveau comme un cheveu sur la soupe. « Oui ! » se surprit Deb à mentir. Quelque part elle voulait que les doutes de la future mariée cessent. Si elle lui avait dit qu’elle était célibataire, elle aurait pensé qu’elle serait encore une menace vis à vis de Phillip et Deb ne voulait pas prendre ce risque. Discrètement, la jeune femme cacha sa main gauche sous la table pour ne pas montrer qu’elle ne portait pas d’alliance.

Nous voilà dans une drôle de posture, moi qui me retrouve fâchée pour une histoire vieille de vingt ans et ma wedding-planneuse qui, je le sens, marche sur des œufs. Elle assure sur ce coup là, certes elle a fait partie des amantes de Phillip qui s'est bien gardé, ou a oublié, de m'en parler, mais je sens se sincérité. Je sais que dans le fond nous avons besoin l'une de l'autre, Deb pour des raisons financières et parce que bien malgré nous l'annonce de notre mariage à eut l'effet d'une bombe à Monterey et moi, parce que sans elle je deviendrais folle à tenter d'organiser ce mariage et fondrait en larmes dès qu'une contrariété pointerait le bout de son nez. Un simple flirt d'adolescent, et combien en ai-je eu moi des amants ? Ai-je réellement envie de me lancer dans une chasse aux sorcières, après des fantômes de son passé. Il a certainement dû oublier une partie de ces femmes et je dois me rassurer en me disant que désormais c'est dans mes bras qu'il trouve le bonheur. C'est ça, je me sens stupide, stupide d'avoir écouté les ragots, stupide de m'être comportée comme une sorcière avec cette pauvre Deb qui n'avait rien demandé, stupide, stupide, stupide ! "Je me doute que cela ne compte plus, j'ignorais que ça s'était passé il y a tant de temps, je m'excuse, vraiment !" j'ai lancé en prenant une profonde inspiration les yeux clos, le bout de mes doigts posés sur la pointe de mon nez. Je suis également rassurée d'apprendre qu'elle est mariée, encore une fois, c'est idiot, mais de cette manière je peux être sure qu'un homme fait déjà son bonheur et qu'à contrario de certaines femmes, elle n'aura pas envie de tenter de s’accaparer un homme presque marié, et je l'espère, un futur papa. "Vous avez dû faire un beau mariage et vous deviez être magnifique dans votre robe blanche..." j'ai soufflé presque rêveuse, déjà vêtue de vêtements basique Deb est une femme sublime alors dans une belle robe de satin blanche, ses beaux cheveux coiffés en un chignon et de jolis escarpins qu'est-ce que ça devait être ? Je me sens horriblement coupable et me retrouve une nouvelle fois dans l'incapacité de me concentrer sur ce que mon organisatrice de mariage me propose. J'ai agis d'une manière grossière et je refuse qu'elle garde en tête l'image d'une Evelyn presque Jones survoltée et prête à arracher les yeux de quiconque oserait regarder trop longtemps son époux. - même si c'est vrai finalement - . "Ho, mais peut-être devriez-vous venir dîner à la maison un de ces soirs, avec votre... Avec ton mari" j'ai secoue la tête, mon visage illuminé par un sourire en tapant dans mes mains rapidement "Ce serait amusant, tu prépares quand même mon mariage et puis je suis sûre que Phillip serait ravi de vous avoir à dîner tous les deux !" toute excitée je me redresse et referme son classeur en la suppliant du regard d'accepter, après tout, cela pourrait être l'occasion de passer une excellente soirée entre couples. l'idée me ravie en tout cas.

La main gauche cachée sous la table, Deb se demandait dans quelle situation elle venait encore de se mettre. Depuis quelques temps elle n’arrêtait pas de faire des choses insensées, des choses qu’elle n’aurait pas faites il y a quelques mois. Il faut dire que l’arrivée de ses neveux et de sa nièce a pas mal bousculé sa petite vie de femme célibataire. Elle devait maintenant assurer pour quatre et ça changeait pas mal de choses. "Je me doute que cela ne compte plus, j'ignorais que ça s'était passé il y a tant de temps, je m'excuse, vraiment !" répond Evie. Quelque part, Deb se sent soulagée que la future mariée semble avoir compris que leur flirt d’adolescent ne voulait rien dire mais elle se sentait aussi stupide de lui avoir dit qu’elle était mariée. Deb Colins, mariée ? Ça n’avait aucun sens. "Vous avez dû faire un beau mariage et vous deviez être magnifique dans votre robe blanche..." ajouta la jeune femme. Deb eut un rire nerveux, rien que l’idée de s’imaginer traverser l’autel vêtue d’une robe blanche lui donne mal au ventre. Elle continua de sourire, comme si elle se remémorait l’instant, comme n’importe qui l’aurait fait à sa place, tout du moins, c’est ce qu’elle imaginait. Pourtant, elle ne peut s’empêcher de penser à Bane à cet instant présent. Lui en costume trois pièce, l’attendant sur l’estrade de l’autel. "Ho, mais peut-être devriez-vous venir dîner à la maison un de ces soirs, avec votre... Avec ton mari" cette proposition d’Evie la sort immédiatement de ses pensées. La trentenaire écarquille les yeux, surprise par cette demande. La future mariée semble adorer cette proposition, tellement qu’elle tape dans ses mains. Quant à Deb elle sursaute légèrement face à autant d’enthousiasme, elle se demande comment elle va bien pouvoir se sortir de cette situation. "Ce serait amusant, tu prépares quand même mon mariage et puis je suis sûre que Phillip serait ravi de vous avoir à dîner tous les deux !" finit par dire la jolie brune. « Hum oui » commença par dire Deb pour essayer de voir quelle excuse elle pourrait bien trouver pour éviter à tout prix ce dîner entre gens supposés déborder de joie. Elle ne croyait pas vraiment en l’institution du mariage, un comble pour une organisatrice de mariage. « Le problème c’est qu’il est souvent en déplacement, je ne sais pas s’il pourra se libérer » dit Deb en veillant à ajouter un semblant de déception dans sa voix. Elle ne voulait pas vexer Evie, elle devait rester en bons termes avec elle si elle voulait que tout se passe bien jusqu’au mariage. Seulement elle commençait à connaître la future mariée et elle savait qu’elle ne s’en tirerait sûrement pas aussi facilement.

Je l'observe d'un drôle d'air, comme pour lui faire comprendre que mon invitation ne peut être déclinée. J'avais omis de penser au travail que pouvait exercer le mari de la belle brune. J'imaginais un bel avocat qui excelle dans son domaine et serait un avocat d'affaires familiales, ou bien un charmant médecin urgentiste très charismatique toujours prêt à sauver une vie. C'est drôle mais jamais je ne m'étais demandée si mon organisatrice était engagée avec qui que ce soit, peut-être était elle en couple avec une femme ? Habituellement je reste hors des rumeurs et je n'écoute pas ce qui se raconte sur autrui excepté en ce qui concerne la détestée et crainte Margaret Fletcher, mais le Rosine's semble habituellement - toujours - hors de tout ça, un genre de bulle protectrice qui tient éloigner les vilaines langues de vipères et les racontars abominables. Donc, en plus de ne m'être posée aucune questions à son sujet en règle générale, je n'avais même pas chercher à le savoir. Le mariage me rendait si folle que j'en oubliait le monde qui m'entoure. Moi qui suis d'habitude si aimable et toujours prête à sympathiser avec tout le monde, j'étais passé à côté d'elle. "Oh, c'est ennuyeux, qu’exerce t-il comme métier qui l'empêche de pouvoir aller dîner chez des amis ?" j'ai demandé le visage déformé par une petite moue enfantine qui laissait transparaître ma petite déception. Mon cerveau semblait tourner à mille tours secondes afin de trouver une solution à ce problème; j'avais été odieuse, je voulais me faire pardonner. "Mais d'ailleurs, qui est-ce, je veux dire, il vit en ville ou bien ?" sous entendu, est-ce que je le connais ? Je vois bien la jolie Deb mener une vie de couple particulière du genre "chacun chez soi" et "on se voit quand l'envie nous prend." j'ignore pourquoi, peut-être est-ce parce qu'elle renvoie l'image d'une femme indépendante. Bon certes, peut-être que monsieur Colins ne sera pas emballé par l'idée d'aller dîner chez un ex de sa femme et la future épouse de ce dernier, complètement euphorique et sous pression à cause d'un mariage à venir. "Je m'en veux d'insister, mais je me suis comportée comme une gamine et j'ai été désagréable, dis oui, s'il te plaît, je suis certaine que ton Monsieur décrochera du boulot pour passer du temps avec toi et tes amis." je me suis redressée et j'ai souris comme une enfant en ajoutant "Je préparerais un plat français appelé "Gratin Dauphinois" tu verras, et puis on prendra des cocktails, ça sera tellement amusant !"

A mesure que la conversation avançait avec Evie, Deb se rendait compte dans quelle situation elle s’était mise pour ne pas froisser sa cliente. Il était toutefois difficile de faire marche arrière, qu’est ce que Evie penserait d’elle sinon ? Elle ne voulait pas que la future mariée la prenne pour une menteuse même si c’était un peu ce qu’elle était en train de faire. "Oh, c'est ennuyeux, qu’exerce t-il comme métier qui l'empêche de pouvoir aller dîner chez des amis ?" demanda Evie, curieuse. Deb sentit la chaleur montée, elle se retrouvait maintenant empêtrée dans ce mensonge et elle devait répondre rapidement aux questions de la jeune femme sous peine d’éveiller ses soupçons. « Il est entrepreneur, il construit des immeubles un peu partout sur la côte ouest » balbutia Deb. Il était évident qu’elle décrivait Bane même si ce dernier était rarement en déplacement parce qu’il construisait beaucoup dans la région. " Mais d'ailleurs, qui est-ce, je veux dire, il vit en ville ou bien ?" Evie commençait à être beaucoup indiscrète, ses question mettait la wedding planneuse dans l’embarras sans qu’elle ne s’en rende compte. La trentenaire tentait d’être la plus naturelle possible mais c’est assez difficile lorsqu’on a toute une vie à s’inventer. Elle préféra ne pas donner de prénom ou de nom au cas où Bane ne serait pas d’accord pour rentrer dans son mensonge même si elle était presque sûre qu’il le ferait pour elle, au vu des circonstances. « Oui il habite ici » confirma la chef d’entreprise en restant très vague. Elle espérait aussi secrètement qu’en se montrant distante, Evie comprendrait qu’elle est un peu trop curieuse sur sa vie privée. Après tout, rien n’obligeait Deb à dévoiler sa vie privée à ses clients et elle le faisait très rarement d’ailleurs. . "Je m'en veux d'insister, mais je me suis comportée comme une gamine et j'ai été désagréable, dis oui, s'il te plaît, je suis certaine que ton Monsieur décrochera du boulot pour passer du temps avec toi et tes amis." reprit Evie. La wedding planneuse avait envie d’hurler, de l’implorer de ne pas l’inviter à dîner mais Deb tenta de garder son calme à coup de petits sourires crispés. "Je préparerais un plat français appelé "Gratin Dauphinois" tu verras, et puis on prendra des cocktails, ça sera tellement amusant !" finit par dire la future mariée enthousiasme. Deb ne se voyait pas lui gâcher autant d’engouement, elle ne pouvait pas lui faire ça. « Très bien, je vais demander à B … mon mari s’il est disponible un soir dans la semaine » dit Deb en manquant de prononcer le prénom de Bane. Elle n’avait plus le choix, elle ne pouvait plus reculer maintenant.

J'avais donc vu juste, la ravissante Deb était mariée à un homme de carrière, rien de surprenant, j'avais presque envie de me décerner un trophée tant j'étais contente d'avoir vu juste. C'est idiot, mais les petites victoires rendent la vie plus sympathique. Je ne me rends pas compte que j'ai gaspillé notre heure avec mes enfantillages, cela viendra plus tard dans la journée quand je repenserais à ce moment, quand je fermerais les portes du Rosine's. Pour le moment je ne pense qu'à une chose, le fameux dîner où Deb et son mystérieux époux entrepreneur viendront déguster chez nous. "Parfait, j'en parle à Phillip dans les plus brefs délais et nous poserons une date, tu me permets de t'envoyer un texto ?" c'est une question rhétorique, je n'ai aucun doute sur le fait que mon poussin acceptera ce dîner, peut-être même qu'il sera content. Pas trop non plus, ça risquerait de me vexer. Je hausse les sourcils et je pousse un soupir, je n'en peux plus de moi et de mes pensées sordides, nous nous aimons bordel de merde. Je m'en peux plus en fait. "Je te promets de ne pas te harceler plus pour ce dîner que pour parler de notre mariage à venir !" je lui assure, il faut dire que je passe près de 80 pour cent de mon temps à lui envoyer des messages concernant la décoration, et tout un tas de futilités, dans le fond je me dis qu'elle doit un petit peu me détester d'être une mariée envahissante. Les organisateurs de mariages ne sont-ils pas là justement pour que la mariée ne soit pas trop stressée, est-ce que c'est moi qui débloque ? Je déverrouille mon téléphone par réflexe et jette un rapide coup d'oeil à l'heure. Je ne l'ai pas vue passer, j'ai boudé, râler et me suis extasiée. La pauvre Deb a eut le droit à plus d'humeurs que Phillip en quelques mois passés à mes côtés. "Je t'envoie ça rapidement d'accord ?" je dis en me levant, en vérité je n'attends pas de réponse particulière, je lui force quelque peu la main, mais je me réjouis réellement de passer une soirée en sa compagnie pour autre chose que le boulot. "J'ai gaspillé cette heure à te crier après, pardonne-moi, mais je t'assure qu'elle sera facturée !" je rassemble mes affaires à la hâte et balance sur la table une liasse de billets faisant signe au serveur que c'est pour moi, je me penche sur elle et dépose un baiser sur son front, il est trop tard quand je réalise que mon geste est un petit peu déplacé. Je me redresse fébrile, lui adressant un regard gêné. Nous n'avons pas élevé les cochons ensemble, pourquoi est-ce que je l'embrasse ? Mes lèvres se pincent quand je prends une profonde inspiration. "Je dois filer." je fini par dire après un silence que je trouve pesant. Je fais un tour sur moi même, bouscule un voisin de table et quitte le restaurant comme une fusée. Le Rosine's m'attend et une horde de clients ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez pour prendre le goûter. Je m'y rends à pieds, nulle besoin de voiture, le café se trouve à quelques pas de là et puis je peu savourer la vue, le bruit de l'océan et les mouettes tout en rêvant à ce que va donner ce futur dîner. La vie reprend son cours quoi...

affaire à suivre...